Article Gilles Costaz Webthéa Critiques / Théâtre Par Gilles Costaz La Papesse américaine

Publié le par PAPESSA

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Par Gilles Costaz 

La Papesse américaine

Une femme à la tête de l’Eglise

La Papesse américaine n’est pas au départ une pièce de théâtre. Mais ce texte d’Esther Vilar, auteur argentin du Sexe polygame, tomba entre les mains de l’actrice Eléonore Hirt. Persuadée qu’il y avait là une matière dramatique, elle confia La Papesse à l’auteur Robert Poudérou qui resserra l’œuvre avec habileté et en fit un monologue brûlant. Eléonore Hirt créa la pièce avec succès en 1982. Et la voilà qui renaît dans le même texte, avec une nouvelle interprète, Nathalie Mann, et dans une nouvelle mise en scène par Thierry Harcourt.

Nous voilà en 2040, dans un studio d’une télévision américaine. « Habemus Papessam » ! Jeanne II vient d’être élue au suffrage universel par les vingt-quatre millions de catholiques vivant sur la planète. Elle se souvient de la papesse Jeanne – la religieuse qui s’était fait passer pour un homme et avait usurpé la tiare pontificale -, passe en revue certains pontifes de l’Histoire et des prélats d’anticipation qui ont vécu après l’an 2000, comme l’homosexuel voué auquel elle succède ! Surtout elle démonte le dogme. Elle ne croit pas en Dieu, elle ne croit pas que Jésus soit le fils de Dieu. Elle se révolte contre l’injustice de la vie telle qu’elle est : « A-t-on vu Dieu une seule fois foudroyer le tortionnaire d’un enfant ? » Elle souligne combien les femmes peuvent apporter à un monde nouveau. « Me voici, Jeanne II, votre Papesse qui va changer tout ça ! », proclame-t-elle.

La belle mise en scène de Thierry Harcourt donne de la discrétion à l’univers télévisuel (à la création, la mise en scène avait été confiée à un réalisateur TV, Pierre Koralnik) et intensifie la relation entre le personnage et le public. Les spectateurs sont vraiment les interlocuteurs de l’actrice. Ce monologue est un dialogue permanent avec eux. Cette actrice, Nathalie Mann, est rayonnante, narquoise, puncheuse, éclatante. On la verra en fin de soirée se draper de la robe pontificale. Mais qu’importe la pompe ecclésiastique ! Nathalie Mann est toujours dans le feu de la dialectique, du débat, de l’ironie, de l’enjouement et de la passion. Le spectacle pourra choquer quelques croyants dogmatiques mais, après un grand succès aux festivals off d’Avignon en 2010 et 2011, il arrive à Paris avec une actualité évidente. C’est un moment aussi troublant que séduisant.

 

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